En 1904, de Beaumont se voit proposer de reprendre le poste de
professeur de Menn, occupé jusqu’alors par Barthélemy Bodmer. Ce choix le
contraint à laisser un temps sa production personnelle de côté exception faite,
on vient de le voir, des scènes de marché. Son mandat de professeur à la classe
de figure lui rapporte fr. 5’000-. par année, somme non négligeable pour ce
père de quatre enfants. Qui plus est, ce titre paraît lui offrir une
reconnaissance nouvelle de ses pairs et marque une seconde étape de sa
carrière. Durant deux mandats successifs – le premier de 1904 à 1906 et le
second de 1909 à 1913 Gustave de Beaumont s’efforce d’accompagner les élèves
dans l’apprentissage de « l’académie ou du modèle vivant nu, dessin et peinture ».
Les rapports de classe rédigés par le professeur nous permettent de constater
que, tout comme Menn, il privilégie l’étude du dessin : les proportions,
la recherche anatomique et la rigueur des traits.
La classe du Genevois compte entre cinq et vingt élèves en fonction des
semestres. Les jeunes peintres viennent de Genève, Neuchâtel, Zürich, Lausanne,
Soleure et même certains de France, Allemagne, Italie, Grèce et Russie. De
plus, chaque année, de Beaumont accueille au minimum cinq demoiselles dans ses
cours. Le peintre semble proche et à l’écoute de ses élèves, comme en
témoignent les nombreuses lettres de remerciements qu’il reçoit. Parmi
eux, des noms célèbres dont Charles Clos Olsommer (1833-1966) qui gardera toute
sa vie une affection particulière envers son professeur, mais encore Emile Hornung (1883-1956), Fernand Blondin (1887-1967), William Meterin (1890-1975) et Otto Plattner (1886-1951).
Après un total de six années de professorat – entrecoupées par une pause
de trois ans – de Beaumont commence à se sentir las et il démissionne. La
récente fatigue accumulée entre les jurys et ses cours l’oblige à se ménager, ce
qui n’est plus conciliable avec son poste de professeur. Le genevois souhaite
se recentrer sur son art et se passionne dès lors pour les motifs genevois.