Gustave Henri Bouthillier de Beaumont nait en 1851 à Genève. Il est le deuxième d’une fratrie de six enfants dont la famille est protestante, d’origine française. Son père Henri Bouthillier est le fondateur de la Société de Géographie de Genève et sa mère, Blanche de Budé est une descendante de l’helléniste Guillaume de Budé ce qui place Gustave de Beaumont, très jeune, dans un contexte intellectuel important. Une volumineuse correspondance atteste d'une vie familiale dense et riche affectivement. Cette existence avait pour cadre un appartement en ville, dans l'immeuble dit le Calabri actuellement détruit et surplombant le parc des Bastions, ainsi que la propriété achetée par son père, à Collonges-sous-Salèves et la maison familiale des Budé à Saconnex.

Durant toute sa jeunesse Gustave de Beaumont est sensibilisé à la peinture par l’intermédiaire de son oncle Charles Gabriel de Beaumont (1811 – 1887). Ce dernier, héritier du statut de négociant et de banquier de sa famille, décide d’abandonner le commerce au profit de l’art. Il se forme alors à Genève auprès du peintre Jean-Léonard Lugardon (1801 – 1884) puis développe ses connaissances en Italie, ignorant encore à l’époque qu’il « sera à l’origine d’une véritable dynastie de peintres ». Il transmet à ses deux enfants Auguste (1842-1899) et Pauline (1846-1904) l'attrait de la peintre et l'amour de la nature. Par l’intermédiaire de ses cousins, mais aussi son oncle, Gustave de Beaumont baigne dès son plus jeune âge dans un terreau fertile pour l’art. Durant l’été, il se rend souvent chez son oncle dans la maison familiale de Collonges dans la propriété du Bourg-d'en-Haut, depuis laquelle les paysages du Salève et du lac Léman lui offrent une multitude de sujets à peindre. 

Après des études dans un lycée proche de Berne – à Hofwil – il prend le chemin de la carrière artistique et entre dans la classe de l’Ecole des Beaux-Arts sous la direction de Barthélemy Menn. C’est auprès de ce dernier, pour qui il gardera toute sa vie une affection particulière, qu’il apprend les rudiments et la base du dessin. En janvier 1875, Gustave de Beaumont se rend à Paris cédant à l’insistance de ses camarades qui s’y trouvent déjà tel qu’Eugène Burnand (1850 – 1921) ou Evert van Muyden 

(1853 – 1922). Lorsqu’il arrive à Paris, Gustave de Beaumont n’a pas encore choisi sa voie et c’est sur les conseils de ses amis qu’il se décide finalement à rejoindre l’atelier de Jean-Léon Gérôme (1824 – 1904). Après trois années dans  l’atelier, enrichi de sa formation, il effectue divers séjours à l’étranger pour perfectionner son  style et apprendre de nouvelles techniques. Les déplacements de Gustave de Beaumont en Europe lui permettent d’acquérir de  solides bases artistiques et la maîtrise de techniques allant du dessin à la fresque en passant  par la peinture de chevalet. Le riche corpus de l’artiste témoigne d’un intérêt plus marqué pour le dessin, qu’il tient sans doute de son apprentissage chez Menn, et d’une plus petite production de peintures sur toile. À cela s’ajoute encore une importante collection d’aquarelles sur papier, technique qu’il semble privilégier pour ses paysages genevois. 

À la suite de sa formation parisienne, de Beaumont revient s’installer à Genève, mais garde un lien étroit avec Paris. Dès lors, il s’inscrira simultanément dans les expositions, concours et travaux des deux villes. Parallèlement à sa production personnelle, le Genevois se fait une place dans la communauté artistique par le biais des sociétés et associations d’art. Ainsi, de Beaumont est maintes fois appelé à participer à des jurys artistiques, pour n’en citer que quelques-uns : En 1893, il fait partie de la commission chargé de désigner les lauréats du prestigieux Concours Calame. En 1898, il rejoint les membres du jury pour la Ve Exposition suisse des Beaux-Arts de Bâle. L’année suivante, on lui propose respectivement de faire partie du jury chargé d’examiner les envois pour un concours de la Société de l’Arquebuse et de la Commission de l’Exposition municipale des Beaux-Arts. En 1902, il joue un rôle important dans le concours des nouveaux vitraux de la nef et du chœur de l’église de Saint-François à Lausanne. À ces quelques exemples s’ajoutent encore de nombreuses contributions à la commission des expositions municipales. Il est tant demandé qu’il est rapidement submergé et décline à plusieurs reprises diverses demandes. En 1889, il est juré lors de l’exposition Universelle de Paris. Ce mandat le pousse à emménager dans la capitale culturelle qui semble alors reconnaître sa notoriété.

Pourtant, l’appel de Genève se fait ressentir et rapidement le peintre retourne à des motifs genevois. En 1891, il participe à son dernier Salon. Il n’expose cette fois que des œuvres ayant trait à l’iconographie du lac Léman. Vers à peu près 1892, Gustave de Beaumont et sa famille reviennent définitivement vivre à Genève. Le retour dans sa ville semble amorcer une nouvelle phase dans sa production artistique, dès lors le peintre pratiquera en majeure partie la peinture de genre en s’attachant davantage aux représentations urbaines et à des motifs empruntés à la vie citadine genevoise. À travers cela, il laisse transparaître un attachement tout particulier à sa ville. Il lui rend hommage à travers de nombreuses compositions harmonieuses et chaleureuses.

Aux représentations architecturales urbaines, il faut encore retenir du corpus de l’artiste une attention toute particulière pour les marchés genevois. Dès 1900-1905, il exploite ce sujet à travers une suite d’images pittoresques : la foule affairée sur la place, les vendeuses et marchands, les étals de fleurs, légumes ou tissus et les nombreux clients qui flânent entre les étalages. Pour représenter ces motifs de la vie quotidienne urbaine, de Beaumont privilégie le dessin et l’aquarelle sur papier, qu’il maîtrise avec une égale aisance, aux autres moyens d’expressions. Les marchés genevois seront les derniers motifs traités par le peintre à la fin de sa vie.

Gustave de Beaumont a également eu des activités d'illustrateurs notamment pour Croquis Genevois en 1886, l'Album Genevois en 1901, l'Escalade en 1902 ou encore Le Geste d'Alphonse Revilliod en 1904. Sous le nom de "Gus", il a travaillé comme caricaturiste. Il subsiste encore de cette période un projet de caricature non daté intitulé "Tir Fédéral - Préparatifs du Banque officiel", détenu aujourd'hui par le Musée d'Art et d'Histoire de Genève. Enfin, il s'est intéressé à l'art de l'affiche comme lors de sa réalisation d'un placard pour une pièce de théâtre historique sur la Reine Berthe. 

Ses dernières années sont assombries par le poids de la Grande Guerre. Comme nombre d'artistes, Beaumont manifeste sa répulsion face aux agissements de l'armée allemande lors du bombardement en septembre 1914 de la cathédrale de Chartres. Cette période peu propice aux ventes et aux expositions s'accompagne pour le genevois d'un revers financier provoqué par les emprunts russes de son banquier. Il devra tardivement tenter de vivre de sa peinture, malheureusement en vain, il mourra ruiné.  

Discret et modeste, Gustave de Beaumont a mené une vie de travail, entouré de l'amour de sa famille et son oeuvre toute entière témoigne du bonheur qu'il a eu à mener ainsi sa carrière : loin des soucis des critiques et des faveurs de la mode. 



                   

  Gustave de Beaumont dans son atelier, photographie, vers 1880, Association des amis de Gustave de Beaumont.



           

Gustave de Beaumont dans son atelier, photographie, vers 1900,
Association des amis de Gustave de Beaumont.